Karpov vainqueur : Crise ou prise de conscience ?
Il avait tout contre lui : son âge avancé, 61 ans pour un sportif de haut niveau, le 4e Elo de la compétition (sur 8), et surtout aucune performance notoire depuis pas mal de temps. Sa dernière prestation au Cap d’Agde en 2010 avait été famélique. Eliminé sans gloire, il s'était retrouvé en difficulté dans toutes les ouvertures et en crise de temps systématique. Certes, il sortait d’une campagne électorale pour la présidence de la FIDE sans doute éprouvante. Mais en 2012, Anatoly Karpov n’est-il pas un joueur à la retraite, député de la Douma, l'Assemblée national russe, qui plus est ?
Energie et passion
C’est une formidable leçon que le 12e champion du Monde a donné à tous en gagnant le Trophée qui porte désormais son nom, lors des 10e Rencontre Nationales et Internationales du Cap d’Agde. Leçon sur l’échiquier d’abord. Il domina en finale l’un des plus grands génies de l’histoire de notre sport, Vassily Ivanchuk, après des blitz de départages à couper le souffle. Mais c'est surtout une leçon à toute cette jeunesse qui domine aujourd’hui les 64 cases, parfois sans énergie et surtout sans passion. Lui, il aime les Echecs et joue à fond toutes ses parties. Il a une soif de vaincre et une technique hors pair. Il voulait prouver qu’il est encore l’un des meilleurs et il a réussi son incroyable retour ! Le public ne s’y est pas trompé, public de connaisseurs bien sûr qui l’a ovationné debout pendant plusieurs minutes, ce qui démontre que les combats échiquéens peuvent être un vrai spectacle enthousiasment, émotionnellement aussi fort qu'un grand match de tennis. Anatoly fut aussi d’une grande disponibilité auprès des jeunes avides d’autographes et qui rêvaient tous de poser en photo avec cet immense champion. Quelle légende !
Les 2K médiatiques
Karpov nous a expliqué pourquoi, au temps de sa splendeur, le jeu d’échecs était si populaire avec ses champions charismatiques et pourquoi il l’est un peu moins aujourd’hui. Il renvoie la FIDE à ses chères études pour populariser notre sport, et la nouvelle génération à un changement d'attitude à adopter. La même semaine, c’est Garry Kasparov qui participait au Grand Journal de Canal Plus, prouvant une fois de plus que nos champions contemporains ne sont pas près de supplanter les 2K ! C'est très inquiétant pour la médiatisation tant espérée des échecs, qui est indispensable au développement économique de notre discipline. A quand le déclic chez les super GMI actuels ?