Voici le reportage de Jérôme Maufras qui était intervenant à Londres dans le cadre du colloque sur le jeu d'échecs à l'école organisé par l'association : Chess in Schools and Communities."
Pour la deuxième année consécutive, Londres organisait les 7 et 8 décembre derniers un colloque sur le jeu d’échecs à l’école. Stefan Loeffler et John Foley, sous l’égide de la puissante association Chess in Schools and Communities de Malcolm Pein, ont organisé de main de maître ce rendez-vous devenu incontournable.
En plein cœur de Londres, l’Olympia Central accueille le London Classic et la Conférence Chess and Mathematics.
L’édition de cette année avait pour thème « Jeu d’échecs et mathématiques ». Ce sujet, aussi vaste que passionnant, justifiait amplement la présence d’intervenants venus des quatre coins du monde. L’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Danemark, le Portugal, la Pologne étaient notamment représentés. Ainsi que l’Afrique du Sud, la Russie, les Etats-Unis ou le Canada. Signe des temps, Jesper Hall, pour l’ECU et Kevin O’Connell, pour la FIDE, étaient présents et ont pris de nombreux contacts avec les fédérations représentées.
Lèche-vitrine à l'anglaise à 3 semaines de Noël
Car au-delà de la qualité manifeste des interventions et des projets présentés, ce qui frappait, c’était le décollage manifeste de l’intérêt porté par les fédérations au jeu d’échecs à l’école. Il était même édifiant et quelque peu douloureux de constater que tout ce que la France avait acquis d’avance et de renommée en la matière ne brillait plus qu’à l’imparfait.
Encore leader sur le sujet il y a deux ans à peine, notre pays est désormais dépassé de plusieurs longueurs. Non que nos voisins aient été touchés par la grâce, mais il est assez évident qu’ils travaillent, s’ouvrent, innovent et s’inspirent positivement les uns des autres.
Les Scandinaves annoncent des budgets de plusieurs centaines de milliers d’euros ; les Espagnols tablent sur le vote prochain au Parlement d’une loi sur la généralisation des échecs à l’école ; les Américains s’adossent à de puissantes fondations ; les Russes, les Italiens et les Sud-Africains innovent avec un matériel pédagogique ambitieux. Quant aux Anglais, ils se sont mobilisés autour d’un partenariat de haut niveau avec Barclays. Partout l’enthousiasme, la volonté, l’unité. A mille lieux des règlements de compte internes et des guérillas larvées.
Dès lors, que dire aux amis qui me questionnaient ce week-end sur le développement du jeu d’échecs à l’école en France sans ternir l’image de notre pays, sans trahir les centaines de bénévoles et de professionnels qui continuent malgré tout à développer le jeu d’échecs, sans donner l’impression de polémiquer sur l’absence flagrante de politique fédérale ?
Dans ces cas-là, il vaut mieux ne rien dire.
Par respect institutionnel pour le résultat des élections.
Par solidarité pour l’équipe qui m’a remplacé à la FFE au développement scolaire – donner de son temps libre pour essuyer des critiques n’est pas une sinécure.
Par décence aussi, tant il serait facile de tirer sur des bénévoles sans doute pleins de bonnes intentions mais littéralement pris en otage par le manque de leadership, d’unité, de partenariats, de budget - en un mot d’horizon – de la direction fédérale.
J’avais de toute façon trop à faire. J’étais tout à mon plaisir d’en prendre plein les yeux pendant tout le weekend, histoire de rapporter dans mes bagages un grand bol d’air frais avant l’Eurostar du retour.